Amandine
L’histoire d’Amandine :
Tout à commencé début février. Avec mon mari nous sommes partis en croisière à quatre avec nos meilleurs amis qui sont aussi mariés. Je devais avoir mes règles pendant ces vacances, alors je m’attendais à tout moment à ce qu’elles débarquent. Mais ne voyant rien venir, je décide de faire un test qui se révèle positif, nous fêtons avec nos meilleurs amis dont mon amie sera la marraine d’Amandine.
Nous annonçons la nouvelle à nos proches en leur rapportant des chaussons et le test positif, tous sont euphoriques et se réjouissent de connaître sa frimousse.
Après 5 mois d’essais, un petit trésor avait posé ses valises dans mon ventre pour notre plus grand bonheur. Les premiers mois de grossesse sont remplis de nausées, de fatigue et un gros mal de dos mais rien n’arrive à enlever le sourire qui colle à ma bouche depuis ce début d’année. Je suis si fière de montrer ce ventre qui s’arrondit de jours en jour, je prends plaisir à acheter de jolis vêtements de grossesse. Je suis épanouie comme jamais je ne l’ai été.
Nous achetons la chambre, la poussette, je reçois des vêtements, bref nous préparons son arrivée avec soin. Nous souhaitons garder la surprise du sexe et choisissons les prénoms pour un garçon et une fille. Très vite je ressens les premiers mouvements de mon bébé, quel bonheur immense. Je sens cette petite vie qui grandit doucement en moi, je suis si fière de porter la vie, de porter l’enfant de mon mari, de voir les yeux de celui-ci briller lors des échographies.
Pendant toutes ces semaines nous préparons également notre mariage prévu en juin, tant d’amour et de bonheur nous attendent cette année, nous sommes tellement reconnaissant de toutes ces merveilles qui nous arrivent.
Vient le rendez-vous de l’échographie morphologique, nous nous réjouissons de voir notre bébé et nous y allons confiant.
Le gynécologue pose la sonde, bébé bouge, quel bonheur…sauf qu’il y a un souci. Le bébé est trop petit, il a 3 semaines de retard par rapport au terme prévu, il nous adresse au Flon pour une échographie plus poussée le lundi suivant. Notre bonheur s’écroule tout à coup, nous ressortons de ce rdv complétement bouleversés et perdus, pourquoi nous ? Pourquoi ? La spécialiste du Flon nous dit qu’il y a 3 options jusqu’au rendez-vous dix jours plus tard : soit le bébé grandit, soit il meurt soit il faudra interrompre la grossesse
Après avoir hésité à annuler le mariage le samedi suivant, nous nous marions et ne cessons de penser positif, d’ailleurs Amandine donne des coups ce jour là, comme si elle voulait nous dire qu’elle était heureuse de notre union et notre amour.
Le rêve ne durera pas, le mercredi suivant, retour au Flon et là le monde s’écroule définitivement, le bébé n’a pas grandit, je n’ai plus de liquide amniotique et les échanges entre mon corps et le placenta ne se font presque plus. Le bébé va s’éteindre ces prochains jours.
Nous prenons la décision la plus douloureuse et la plus affreuse de notre vie, nous allons interrompre la grossesse et rendre Amandine au ciel sans avoir pu la connaître.
J’ai décidé de partager la naissance de notre fille, car cela à été un moment si fort en émotions et en amour que je souhaite la partager avec d’autres personnes afin de faire vivre ces moments encore une fois.
Amandine est née au ciel, le lundi 25.06.2012 à 18h30. Elle pesait 200gr et mesurait 21 cm pour 24sa et 2 jours.
Mon accouchement a été atrocement douloureux physiquement, la péridurale n'a fonctionné que d'un côté, j'ai donc souffert pour rien, aucune récompense, aucune satisfaction. Mon cœur avait déjà mal et je ne voulais pas souffrir physiquement...il faut croire aujourd’hui que je devais passer par là...
J'ai malgré tout été fière et heureuse de découvrir Amandine, petite princesse parfaitement créée qui ne demandait qu'à vivre ( le placenta était visiblement trop petit et calcifié, sans le savoir encore pour quelle raison).J'ai vécu cet accouchement avec mon mari et ma maman (je ne pensais pas vivre ce moment avec elle et ça s'est fait naturellement, car mon mari n'a pas supporté de me voir souffrir sans raison et à un point qu'il n'imaginait pas, ma maman a donc pris le relais et m'a épaulée et soutenue comme une maman sait si bien le faire)Amandine est arrivée, posée sur moi, mon mari a coupé son cordon. Comme Amandine n’avait pas pu baigner dans le liquide amniotique, j’ai ressenti le besoin de lui faire découvrir le bain dans sa mort. Ma maman et moi l'avons alors baignée avec douceur et tant d’amour malgré le fait qu’elle nous avait déjà quittés. La sage-femme lui a fabriqué un vêtement en coupant des morceaux de body et elle me la redonnée. J’ai pu la cajoler, lui dire tout ce que je l'aimais, les sages-femmes ont pris des photos, nous aussi, elles ont fait des empreintes de sa main et de son pied, un bracelet et une carte de naissance.
Nous avons ensuite pu retourner en chambre avec elle, elle avait son petit berceau avec ses doudous. Nous avons passé 36h en sa compagnie à se fabriquer des souvenirs, lui parler, l'admirer et tenter de garder la moindre parcelle de son visage en nos mémoires, nous l'avons présentée à nos parents et frères et sœurs, les visites nous ont fait du bien.
Le matin du 27 juin, nous avons dit adieu physiquement à Amandine, mon cœur s'est déchiré de douleur, de pourquoi tant d'injustice, de chagrin d'abandonner mon tout petit, ma chair, mon bébé tant désiré.
Nous avons fait une cérémonie le 4 juillet et elle repose à présent au jardin du souvenir à Morges.Nous avons rendu hommage à Amandine comme elle méritait, avec beaucoup d’amour et de tendresse. Nous avons déposé ces cendres ensemble main dans la main, nous l’avons rendue à la nature ensemble comme nous l’avons conçue.
Quand à mon mari, il a été exemplaire, il a cajolé Amandine, a passé du temps avec, il réalise combien il était déjà attaché à elle et combien sa perte le rend fou de chagrin. Il est fier d'avoir pu l'accompagner comme on l'a fait, on ne pensait pas en être capable et tout est venu si naturellement, ce besoin de l'avoir si proche pour si peu de temps.
Les membres de la maternité ont été exemplaires, on a été entourés, soutenus, accompagnés d'une manière si respectueuse et digne, elles ont pris tellement soin d'Amandine, de nous, très à l'écoute, mais discrètes en même temps. Je garde un souvenir magnifique de ce séjour là-bas, moi qui angoissait tellement pour cet accouchement, finalement même si j'ai souffert ils ont tout fait pour l'éviter et me soulager malgré tout, me rassurer. Cette humanité, ce respect et ce réconfort ont été grandement bénéfiques pour nous accompagner dans cette perte.
Amandine, ma petite fée, mon petit ange, ton étoile brille au ciel et notre bougie brille près de nous. Tu nous as fait le merveilleux cadeau de devenir tes parents, quelle fierté! T'avoir porté en moi, senti tes coups et vécu ces moments m'ont transformée. Veilles-sur nous de là-haut, joue avec Capucine et ton grand-papa, de notre côtés nous ne t’oublierons jamais, nous t'aimerons éternellement et te faisons la promesse de nous relever et continuer notre chemin de vie ensemble, avec l'espoir de t'offrir un petit frère ou une petite sœur quand le vie nous feras signe...