Julie
Petite Julie,
Le 6 avril 2005, une année après avoir arrêté la pilule, et enfin du retard pour mes règles, je fais un test de grossesse et il est positif. Youpie ! Déjà folle d’espoir et comblée de bonheur, je m’empresse d’annoncer la bonne nouvelle à nos familles, à nos amis.
Lundi 25 avril, première rencontre avec toi chez le gynécologue. A peine 5 semaines (7 SA) que tu as élu domicile dans mon ventre, tu n’es pas plus grande qu’un petit pois, mais on voit déjà ton cœur qui bat. C’est incroyable ! Cette image restera à jamais gravée au plus profond de moi. C’est juste dommage que j’aie voulu faire la grande en allant toute seule chez le gynéco, car ton papa n’aura même pas eu la chance de te voir, ne serait-ce qu’une fois sur l’écran du gynécologue.
Lundi 16 mai, j’ai des pertes de sang… Je ne m’inquiète pas plus que cela, convaincue qu’il ne peut rien nous arriver et en plus une de mes amies me dit qu’elle en a eu aussi et sans conséquences. Mercredi 18, je prends quand même un rendez-vous chez le gynéco pour faire un contrôle. Une fois de plus, je m’y rends seule, et c’est sans ton papa à mes côtés, que le gynéco m’annonce que ton cœur a cessé de battre et que tu ne vis plus depuis quelques jours déjà. Pour me rassurer, il me dit que ce n’est pas si grave, que seule une grossesse sur quatre est menée à terme et il me prend un rdv à l’hôpital pour faire un curetage deux jours plus tard.
Je ressors de chez lui en pleurs, triste de t’avoir déjà perdue, déçue que tous mes rêves s’envolent si vite et que tous les projets qui germaient déjà dans un coin de ma tête s’effondrent. Et en plus de cela, il va falloir annoncer cette mauvaise nouvelle à nos familles, à nos amis… Là, il y a quand même eu un côté « positif », car dans notre malheur, nous avons eu la chance de recevoir compassion et soutien de tous nos proches qui comprenaient et partageaient notre peine.
Vendredi 20 mai, je subissais un curetage à l’hôpital de Nyon et en plus j’étais privée des seules images que j’avais de toi (quelques échos) sous prétexte qu’il ne serait pas bon pour moi de ressasser tout cela…
Finalement, ce n’est qu’au début de 2011, après avoir vécu une grossesse chaotique et la mort in utéro de tes petits frères Alexandre et Sébastien à presque 8 mois, ainsi que d’avoir lu « l’un sans l’autre » de Nathalie Z, que je me suis rendu compte que je n’avais pas vraiment fait le deuil de ton départ et que j’ai eu envie de te redonner ta place dans notre famille. Pour cela, j’ai contacté Lydia d’AGAPA suisse romande, et avec elle, j’ai pu « faire ta connaissance » dans ma tête et dans mon cœur, en imaginant comment tu aurais pu être, quelle vie tu aurais pu avoir et en te donnant un prénom aussi… ma petite Julie… Et par la suite, j’ai demandé à l’hôpital qu’ils me donnent mon dossier et les images qu’ils avaient gardées…
Je suis contente que tu nous aies donné tant d’espoirs et je suis sûre que tu es bien là où tu es… même si je me dis parfois que c’est dommage, car tu aurais certainement pu être une chouette grande sœur pour Camille…